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Une petite histoire de curiosités

Il semblerait que les spectacles de curiosités (ou les spectacles de montres comme on les appelait à l’époque) aient commencé au 16ème siècle. Généralement, il s'agissait de spectacles itinérants, allant de ville en ville et faisant partie, parfois, d'une plus grande foire.

Les «freaks» les plus populaires étaient apparemment des personnes avec des membres supplémentaires (ou alors aucun) et les nains. Il y avait aussi la tendance des “pickled punks", qui étaient des fœtus assez bien développés ou des bébés mort-nés préservés dans des bocaux de formaldéhyde. Ceux qui présentaient des déformations ou des anomalies, comme les jumeaux siamois, étaient particulièrement recherchés. Ils étaient souvent exposés à côté de personnes vivantes présentant des anomalies identiques pour ajouter un effet extraordinaire.


Le 19ème siècle a été la résurgence et l’âge d’or pour les spectacles de curiosités en Europe puis aux États-Unis. L'industrialisation signifiait que les gens avaient de l'argent à dépenser et étaient avides de divertissement. Aux États-Unis, les «Dime Museums» ont émergé absolument partout. Les gens pouvaient voir une variété d'animaux exotiques et d'êtres humains inhabituels ainsi que des objets et des artefacts étranges pour seulement un « dîme » (dix centimes).


PT Barnum a ouvert un musée du genre qui a connu un énorme succès, ce qui lui a permis de créer son cirque par la suite. Sa réussite est dûe en grande partie à sa capacité et à sa volonté de créer des histoires élaborées et fascinantes pour ses interprètes. Par exemple, il a trouvé une paire de jumeaux atteints de nanisme et les a présentés comme les "hommes sauvages de Bornéo", capturés lorsque leur tribu a attaqué un navire marchand. Personne à l'époque n'a remis en question l'histoire malgré le fait que ces hommes semblaient très caucasiens.


À cette époque, les « monstres » n'étaient parfois que des personnes d’origine étrangère, exotique et avec des cultures très différentes de celle des Américains et des Européens de l’époque.

Mais comme ces deux derniers connaissaient très peu sur le reste du monde (un peu comme les Américains d'aujourd'hui), une personne avec une couleur de peau, une forme d'yeux ou une coutume culturelle inhabituelle (comme les anneaux d'allongement du cou), valaient la peine d’être vu. Fait intéressant, certaines de ces particularités culturelles demeurent des attractions touristiques importantes et les touristes payent bien plus que dix centimes pour aller les voir.


Les spectacles de curiosités sont finalement devenus démodés et ils ont fermé pour de multiples raisons. Principalement parce que les progrès scientifiques ont expliqué et éliminé la naissance de personnes présentant des anomalies physiques majeures. Ensuite, les médecins sont maintenant capables de « réparer » ces anomalies à la naissance, de sorte que nous n'avons plus de personnes avec des membres supplémentaires. Les jumeaux siamois, bien qu'ils naissent encore occasionnellement, sont généralement séparés à la naissance. La croissance supplémentaire des poils peut être enlevée et traitée. Les enfants qui semblent n'avoir aucun membre ou d'autres parties du corps aux formes étranges sont souvent avortés.


De plus, le niveau général de connaissances et d'empathie a largement augmenté dans le monde et la plupart des gens ne trouverait plus acceptable d'exposer des "monstres" pour du divertissement, comme des animaux dans un zoo. Les personnes nées avec des anomalies physiques ne sont plus considérées comme maudites ou représentatives de la magie noire, comme elles l'étaient souvent dans les siècles passés où elles étaient parfois traquées et tuées. À cette époque, les spectacles de curiosités pouvaient être un refuge sûr pour ces gens, leur donnant un statut social et un revenu ainsi qu'une protection. Certains d'entre eux sont même devenus assez célèbres grâce non seulement à leurs particularités corporelles mais aussi à leurs talents et compétences encore plus impressionnants au vu de leur handicap.


On pourrait certes argumenter que les progrès médicaux menant à la quasi-élimination des «freaks» ont sans doute éliminé beaucoup de souffrances car il devait être difficile de vivre avec des anomalies physiques majeures, mais d'un autre côté, on pourrait aussi argumenter qu'en éliminant ces «anomalies», nous éliminons également la diversité et la possibilité de vies hors du commun et extraordinaires.

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