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Clémentine Delait, la plus coquette des femmes à barbes

Je vous le dis et je vous le répète, chez Eat the Cake Studio, on adore les femmes à poigne ! Des femmes qui ont tracé leur propre chemin, sans se soucier de ce que la société voulait imposer. Nous adorons inclure ces femmes dans nos expériences, comme notre Cabinet des Curiosités. Et il n'y a pas de meilleur exemple de femme à poigne que notre chère femme à barbe, Clémentine Delait.



Clémentine est née en 1865 dans les Vosges. Dans son autobiographie, elle raconte qu'elle ne se souvient pas de la date à laquelle elle a commencé à avoir du poil au menton, mais à l'âge de 18 ans, elle arbore déjà une "moustache flatteuse" et doit se raser le menton régulièrement. Cela ne l'empêche pas d'avoir des prétendants et elle épouse bientôt un boulanger avec lequel elle ouvre un café dans leur petit village.


A l'époque, elle se rase encore, mais tout change lorsqu'une foire arrive dans la ville voisine et avec elle, une femme à barbe. Clémentine va la voir et est très déçue, remarquant que "la pauvre créature n'a que quelques poils épars de chaque côté de son visage". Ses amis lui disent en plaisantant qu'elle devrait se laisser pousser la barbe pour montrer la différence, et Clémentine, qui ne recule jamais devant un défi, accepte. Trois semaines plus tard, son menton s’orne d'une barbe de plus en plus douce, que son mari prend plaisir à caresser et que les gens viennent admirer à des kilomètres à la ronde.


À partir de ce jour-là, Clémentine ne se rasera plus jamais.


Elle rebaptise son café "Le Café de la femme à barbe" et commence bientôt à vendre des photos dédicacées sous forme de cartes postales à ses nombreux fans. Rapidement, elle reçoit des offres de cirques prêts à lui offrir une fortune pour l'emmener en tournée, mais elle ne veut pas abandonner son mari malade et se contente du pécule supplémentaire que lui rapportent ses cartes postales, argent qu'elle utilise pour choyer le-dit mari.



Elle se montre tout de même dans quelques spectacles, comme pour jouer aux cartes et boire du champagne dans une cage aux lions (elle n'a accepté ce défi que parce que sa sœur était contre, et il n'y a rien que Clémentine déteste plus que les gens qui lui disent ce qu'elle peut ou ne peut pas faire !). Après la mort de son mari, elle acceptera finalement de faire quelques tournées, visitant les cours royales de toute l'Europe avec sa fille adoptive.


Elle obtient également l'autorisation de s’habiller en homme (à l'époque, c’était parfaitement illégal), ce qu'elle souhaitait ardemment même s'il est très clair qu'elle s'est toujours identifiée en tant que femme. Elle prend plaisir à brouiller les lignes et à tromper ses amis, toujours avec beaucoup de bonne humeur, appréciant peut-être d'autant plus la tromperie qu'elle était si féminine le reste du temps.


Mais pour être honnête, pour moi, la chose la plus remarquable chez Clémentine, ce n'est pas sa vie, aussi extraordinaire soit elle. Ce qui m’émerveille, c’est quelque chose d’encore plus magique et si dur à atteindre.



Ce qui me frappe le plus chez elle, c'est la façon dont elle se sentait à l'aise avec sa propre apparence, surtout à une époque où une telle excentricité était encore moins acceptée qu'aujourd'hui (bien que l'on puisse argumenter sur la sécurité que les gens ressentaient à l'époque de pouvoir reléguer de telles personnes au rang de “phénomènes” éloignés de leur soi-disant normalité).


L'autobiographie de Clémentine est remplie d'affirmations positives sur ses rondeurs, sa beauté, le nombre de cœurs qu'elle aurait pu conquérir si elle n'avait pas été dévouée à son mari. Dès le début de son histoire et la mention de sa "flatteuse moustache", Clémentine ne montre pas la moindre gêne quant à son abondante pilosité faciale, sa grande taille et sa force peu commune, et ne doute jamais de sa propre féminité, mentionnant que si elle pouvait certes expulser sommairement n'importe quel client turbulent de son café, elle était aussi la brodeuse la plus talentueuse qui soit.


Elle se décrit toujours comme "séduisante" et "bien bâtie", et se vante du fait que personne n'a jamais douté qu'elle était une femme... à part quand elle se déguisait en homme, bien sûr. Elle se plaît à raconter la première fois qu'elle s'est promenée habillée en homme et comment elle a dupé une jolie vendeuse en se présentant d'abord à son magasin en tant que Clémentine, puis en tant qu'homme, se vantant de la façon dont, la deuxième fois, la vendeuse "a rougi et a fait des manières, espérant sans doute plus qu'une poignée de main".



Clémentine ne s'est jamais vue autrement que comme une femme, et certainement pas comme une "bête de foire", même si elle n'a pas hésité à faire des tournées en tant que telle dans les dernières années de sa vie. Pour elle, il ne s'agissait pas de se rabaisser, mais de montrer fièrement aux gens à quel point elle était belle.


Elle a vécu une longue vie, le plus souvent heureuse, reconnaissante de sa chance et des dons dont la nature l'avait dotée, et je pense que c’est une belle leçon de confiance et d’amour de soi.


Et si vous souhaitez en savoir plus sur cette femme extraordinaire, vous la rencontrerez peut-être en visitant notre Cabinet des Curiosités… 👀🗝️

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