Quand nous avons commencé à créer notre expérience privée autour de Marie-Antoinette, dans laquelle une poignée de participant·e·s a la chance de passer quelques heures en compagnie de la reine et l’une de ses favorites, nous étions très conscientes de la difficulté d’adapter son histoire dans un format aussi intime et restreint ; notre spectacle originel faisait appel à pas moins de 11 acteurs !
Ce qui nous a toujours fascinées chez Marie-Antoinette, c’est sa personnalité complexe et sa modernité déroutante ; il était crucial pour nous que les participant·e·s ne passent pas seulement du bon temps en compagnie de la plus connue des reines de France, mais qu’il·elle·s sortent de cette expérience exclusive en se sentant plus proche du personnage.
Mais comment être sûres que ces informations allaient être transmises ? Les participant·es ne rejoignaient pas le cercle exclusif des ami·es proches de la reine pour au final avoir l’impression d’assister à un cours magistral ! Y avait-il un moyen de transformer l’histoire d’une vie en jeu ?
Et là, je me suis souvenue de toutes ces heures passées à jouer au Jeu de l’Oie quand j’étais enfant ; les illustrations étaient toujours magnifiques. Je savais aussi, à travers mes recherches sur le 18e siècle, que le jeu de l’oie existait déjà à cette époque, et jouissait même d’une grande popularité : certains jardins se paraient de plateaux géants pour des parties dans lesquelles les valets prenaient la place des pions !
Je savais également que le plateau avait souvent été utilisé comme outil pédagogique, que ce soit pour encenser la révolution ou apprendre aux enfants les vies des précédents rois. Un jeu de l’oie décoré avec les moments clefs du règne de Marie-Antoinette serait l’outil parfait pour permettre à la reine de parler de sa vie et aux participant·es de poser des questions, tout en essayant de passer la ligne d’arrivée les premiers (et ça n’est pas aussi facile qu’il y paraît - comme nous l’avons déjà dit, la reine n’hésite pas à tricher !).
Il n’existe pas de jeu de l’oie sur Marie-Antoinette, mais ça n’était pas un problème :
nous allions tout bonnement le créer !
J’ai donc entrepris de diviser la vie de Marie-Antoinette en petits bouts, des moments clefs qui seraient à la fois faciles à illustrer et à résumer en quelques phrases lorsqu’un joueur tombe sur une case à histoire (certaines cases représentent juste des oiseaux et autres animaux que la reine aurait appréciés, de façon à garder un bon rythme de jeu).
Le plus amusant a été de trouver des histoires pour les cases spéciales : Le Puit, dans lequel un joueur est bloqué jusqu’à l’arrivée d’un autre joueur, se transformerait en la forge du roi, dans laquelle Louis XVI était capable de rester pendant des heures ; Le Pont, qui emmène la joueuse plusieurs cases en avant, deviendrait la fuite vers Varennes ; et bien entendu, La Mort se transformerait en guillotine. Une fois toutes mes histoires trouvées, le plus dur restait à faire : trouver les illustrations pour les 63 cases du plateau !
J’avais deux impératifs : je voulais que les illustrations datent du 18e siècle, ou aussi près de cette période que possible, et je voulais qu’elles soient toutes 100% libres de droit et gratuites pour utilisation commerciale. Heureusement, mon travail a été grandement facilité par les musées du monde entier qui, depuis des années, digitalisent leurs œuvres et en rendent la plupart accessibles au public pour toute utilisation. J’ai passé pas mal d’heures sur ces sites pour trouver les illustrations de mes rêves… et j’en ai sauvé pas mal d’autres pour ma collection personnelle !
Après quelques semaines de travail acharné, notre premier prototype était né. Pour commencer, nous l’avons imprimé sur papier plastifié - ne pas avoir un vrai plateau diminuerait un petit peu l’immersion, mais nous trouvions important de pouvoir d’abord tester le jeu en situation réelle.
Le jeu a tout de suite été un succès, donnant à Marie-Antoinette l’occasion de partager certains de ses souvenirs tout en gardant l’attention des joueurs, d’autant plus quand l’une de nos actrices a eu l’idée géniale de leur demander de caqueter et battre des ailes à chaque fois que quelqu’un tombait sur une oie ! Le plateau avait prouvé son utilité, et après quelques changements de règles pour rendre les parties encore plus agréables, nous avons décidé qu’il était temps de passer aux choses sérieuses : nous avons commandé un prototype auprès d’un fabricant de jeux de plateaux.
Le processus pour passer de notre design original à un plateau professionnel est un peu ardu, je vais donc vous épargner les détails, mais le résultat parle de lui-même, vous ne trouvez pas ?Pour l’instant, nous n’en avons qu’un seul exemplaire, mais qui sait, peut-être que nos fans pourront acheter le leur très bientôt !
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